Armel La Cléac’h (Banque Populaire VIII) : « Le bilan est positif, c’était une petite répétition générale, même si l’enjeu est minime par rapport au Vendée Globe, mais c’est toujours sympa de voir que tout fonctionne à bord, d’être devant les petits camarades sur tout le parcours, de voir que la vitesse du bateau est là… On est à trois semaines du départ pour les Sables d’Olonne. Le bateau commence à être fin prêt. C’est le fruit de tout le travail du team Banque Populaire depuis deux ans.
On a eu un peu toutes les conditions, le bord de près était assez intéressant, il y a eu pas mal d’options, je m’en suis plutôt bien tiré, j’en suis sorti avec 2,5 milles d’avance sur Morgan (Lagravière)… Et le grand bord de portant pour revenir jusqu’ici était très sympa avec jusqu’à 20 nœuds, un peu de mer… c’était sympa tout du long, c’est bien agréable d’en profiter.
Ça fait six ans que le Défi Azimut existe, avec Jean-Marie Corteville, j’étais un peu à l’origine de cette course avant le grand rendez-vous de fin de saison. Je ne l’avais encore jamais gagnée, je suis d’autant plus heureux de l’emporter aujourd’hui, et je reviendrai !
Marquer des points psychologiquement ? Je n’en sais rien… L’important c’est de confirmer que tout va bien à bord, que tout a fonctionné sans problème technique, ça permet de tout valider : c’est un gain de confiance pour moi et pour l’équipe.
Il y avait une belle bagarre sur l’eau, Morgan n’est pas loin, les vitesses sont proches. »
Morgan Lagravière (SAFRAN) : « C’était une belle épreuve, C’était intéressant de se confronter aux meilleurs bateaux de la flotte et aux favoris du prochain Vendée Globe. On a fait pas mal de modifications sur le bateau ces derniers mois, notamment sur les foils : on avait besoin de se confronter et se rassurer sur les performances du bateau. Le constat est positif. C’est aussi l’occasion de continuer à travailler sur les manœuvres, pour éviter ce qui s’est passé à l’arrivée où j’ai été obligé de décrocher une voile à l’eau… Je suis content de la performance ! Faire deuxième derrière Banque Populaire et devant des ténors de la série, c’est toujours satisfaisant.
On savait qu’on avait un super bateau, une équipe performante, mais c’est toujours bien de le prouver aux autres. Ce sont des points marqués mais notre confiance était déjà là. Sur ce type d’épreuve, on vient pour gagner, on n’a peur de personne !
C’était comme une étape de Solitaire du Figaro : on ne dort pas une seconde, on a le couteau entre les dents du début à la fin et en plus on retrouve les mêmes que sur la Solitaire : Jerem’, Yann, Armel… On sait que ça va durer 24h donc on peut tout donner. Mais il y a une dimension physique qui est bien plus importante sur ces bateaux, un virement de bord ça va durer 20 mn pendant lesquelles tu es à fond physiquement. Il y a une gestion de l’effort qui est différente… c’est usant. »
Jérémie Beyou (Maître CoQ) : « Il y avait du vent, plein de bateaux, du soleil, et ça a joué jusqu’à la fin et heureusement pour moi parce que j’ai eu un petit peu de mal au démarrage… Il y a eu du bon et du moins bon mais des leçons à en tirer : c’était intéressant !
Ça permet de travailler les automatismes, faire les manœuvres tout seul, faire des longs bords sous pilote, on a fait un grand bord sous gennaker pour revenir, tout sous pilote. C’était intéressant de voir que le pilote barre vraiment bien. On a fait quelques comparatifs de vitesse. Il nous reste encore quelques semaines pour travailler sur les réglages fins. Nous avons eu du vent cette nuit, il n’est donc pas surprenant que les foilers aient bien accroché. On était à l’aise, on ne s’est pas fait déboiter par les bateaux à dérive mais je pense que la stratégie a joué : ça a bien payé aux extrémités du plan d’eau. Sur le retour, j’ai fait une grosse différence, je suis revenu de loin avec un choix de voile différent, sous gennaker, j’étais plus lofé, autour de 18 – 21 nœuds alors que les autres étaient entre 16 et 18 nœuds : j’ai réussi a gagner quelques places et pas mal de distance, c’était plutôt sympa ! »
Paul Mailhat (SMA) : « C’était un super parcours. On a eu une belle nuit étoilée, il a fait doux avec pas trop de mer. On a eu du petit temps, puis c’est monté, on a fait pas mal de changements de voiles et on a surtout eu un bon bord de près avec des choix tactiques, c’est là que cela s’est joué d’ailleurs, et un grand bord sous spi pour rentrer pleine balle. Cette course nous a offert une super répétition, on a un peu tout fait. Étonnamment, c’était un parcours favorable aux bateaux à dérive et ce sont les foilers qui sont devant, mais ils sont devant parce qu’ils ont tiré les meilleurs bords ! Cela s’est joué à ça. On apprend plus que sur un entrainement ordinaire avec un parcours comme ça, comme, par exemple, sur le long bord de spi de 75 milles avec des bateaux autour. Prendre un départ aussi, le long bord de près avec cinq virements de bord à enchaîner, on matosse tout à chaque fois, c’est ¼ d’heure pendant lequel on ne s’arrête jamais. Donc, au final ça fait 1h30mn, ça fatigue, d’autant qu’on avait fait un changement de voile avant et un envoi de spi après. On ne s’est pas ennuyé ! »
Thomas Ruyant (Le Souffle du Nord) : « On a eu des conditions variées, ça fait du bien de régater, j’ai fait le Record SNSM, l’Armen Race, mais il n’y avait pas la concurrence qu’il y avait là. Ça fait du bien de voir où on se situe par rapport à la flotte. On est à notre place. Il y a du gros niveau devant nous, mais on arrive à s’accrocher. Il fallait bien jouer en stratégie, notamment sur le bord de près, j’ai eu des problèmes d’AIS (système de positionnement, ndlr) donc c’était un peu pénalisant sur ce plan-là, j’ai opté du coup pour une option un peu extrême.
L’autre objectif c’est la manipulation du bateau, le parcours de l’Azimut est parfait pour ça. J’ai bien manœuvré, c’était ce que j’étais venu chercher. J’ai le bateau bien en main, je ne fais pas de bêtise, mais je sais que je peux encore gagner en vitesse. »